Le coaching a pris une place prépondérante dans la société actuelle. En effet, face aux aléas de la vie, il est souvent nécessaire de se faire accompagner par une personne pour trouver des solutions. Les coachs permettent d’apporter cet accompagnement avec des outils et des perspectives qui aident l’individu à définir et atteindre des objectifs, que ce soit au niveau personnel ou professionnel.
Cependant, il est également possible de trouver nos propres réponses à nos problèmes, si tant est que nous ayons les bons outils et les bonnes méthodes. Ainsi, depuis une dizaine d’années, de plus en plus de coachs préconisent dans certains cas le self-coaching.
Dans cet article, nous expliquons ce que c’est et comment l’utiliser.
La coach Valérie Moissonnier a contribué à populariser cette expression de « self-coaching » en France. Elle a également déposé le nom. Cependant, la posture de « self-coaching » correspondant à un accompagnement de soi-même, la méthode peut-être interprétée de plusieurs manières, selon votre personnalité.
Le concept
Comme son nom l’indique, le self-coaching est un processus d’auto-guidance. L’individu endosse à la fois le rôle du coach et du coaché. C’est donc une expérience qui amène l’individu à s’accompagner en utilisant des méthodes et des outils propres à la pratique du coaching. Dans son livre « L’art du self-coaching », Batista définit cette pratique ainsi :
« Le self-coaching est un processus qui consiste à guider notre croissance et notre développement personnel, en particulier pendant les périodes de transition, tant dans le domaine professionnel que personnel. »
Le self-coaching ressemble en tout point à un coaching régulier. La seule différence réside dans l’absence d’une autre personne pour accompagner l’individu. Pour autant, la plupart des outils et méthodes utilisées en coaching peuvent s’appliquer dans cette situation. Cela implique que toutes les personnes qui décident de pratiquer le self-coaching doivent tout d’abord être initiées à l’art de coacher. Seul un coach peut faire du self-coaching.
De nombreuses personnes, y compris des coachs, s’opposent à la pratique du self-coaching en estimant qu’il est tout simplement impossible de prendre suffisamment de distance avec soi-même pour s’accompagner de manière partiale. D’autres détracteurs mettent en avant le fait que le coaching marche justement parce qu’il y a une interaction entre deux personnes. Sans cette interaction, il est impossible d’appliquer les méthodes du coaching.
C’est pourquoi il est important de rappeler que le self-coaching ne peut pas se substituer à un coaching traditionnel. Il est préférable de le concevoir comme un outil d’accompagnement complémentaire qui peut permettre aux coachs de progresser dans leur développement personnel sans avoir à consulter d’autres coachs en permanence.
Les défenseurs du self-coaching opposent aux critiques le fait que l’être humain est un être doué de capacités infinies et qu’il est en fait très facile de personnifier plusieurs personnages. Nous vivons tous avec plusieurs entités en nous, des versions de nous-mêmes plus ou moins proches les unes des autres. En outre, nous possédons une imagination sans limites qui nous permet de jouer d’autres personnages et d’imaginer à peu près tout ce qui est possible. Ainsi, il est tout à fait possible d’assumer à la fois le rôle du coach et du coaché. Cela étant dit, ce n’est pas un exercice simple et il est préférable de bien s’y préparer.
Le self-coaching repose sur 4 axes fondamentaux : l’auto-réflexion, le dialogue intérieur, la pensée constructive, les outils.
L’auto-réflexion
C’est une capacité à regarder en dedans. On peut imaginer un miroir qui nous renvoie les reflets de notre corps, mais également de notre psyché, de notre histoire, de tout ce qui signifie : moi.
L’autoréflexion est une habitude que tout coach doit apprendre à maîtriser et qui se résume par la phrase qui apparaît sur le fronton de temple de Delphe : « Connais-toi toi-même ».
Pour faire du self-coaching, il faut en effet savoir qui est en face de nous, qui est cette entité qui a besoin d’accompagnement.
Pour cela, il existe 5 pistes d’exploration à suivre :
- Apprendre à connaître son histoire
Nous sommes tous le résultat d’une éducation, d’une histoire familiale avec du bon et du moins bons, des conflits, des traumatismes, des situations difficiles qui nous ont marqué à vie. Il est important d’être conscient de ce que nous avons vécu pour découvrir qui nous sommes aujourd’hui.
- Découvrir ses besoins, ses motivations et être en lien avec ses émotions
Nous avons des besoins qui doivent être satisfaits sous peine de perdre les pédale. Quand nous parlons de besoins, nous ne parlons pas d’envies, mais bien des besoins qui sont essentiels à notre bien-être. En identifiant nos besoins, nous pouvons comprendre nos motivations qui sont souvent liées ainsi que les émotions qui surviennent quand ces besoins ne sont pas satisfaits. Tout cela permet d’apporter une guidance sur la direction où nous devons aller.
Il est important de rappeler que c’est lorsque nos besoins de base sont remplis que nous pouvons nous dédier à un véritable travail sur notre vie.
- Comprendre ses mécanismes de défenses
Nous avons grandi dans un environnement parfois hostile et avant appris à nous défendre. Ces mécanismes sont souvent des freins lors des travaux de développement personnel et il est important de pouvoir les identifier pour les désactiver ou les mettre sur pause.
- Identifier nos forces et nos faiblesses
La connaissance de soi passe par savoir ce qui nous rend spécial. Nos forces et nos faiblesses sont toutes aussi importantes. Les forces sont les acquis, les choses que nous devons continuer à nourrir et mettre en avant, les faiblesses sont les espaces d’améliorations que nous pouvons décider ou non d’alimenter pour progresser.
- Définir nos objectifs
Savoir où l’on va est d’une grande aide dans le coaching. C’est aussi une manière de se définir. Quels sont nos objectifs, à quoi aspirons-nous à court, moyen ou long-terme. Cela permet aussi de poser les bases de la pratique du self-coaching.
Le dialogue intérieur
La capacité à dialoguer avec soi-même est évidemment essentielles dans un exercice de self-coaching. Cependant, il ne faut pas faire grand-chose pour la révéler. En effet, nous sommes tous généralement habitués au dialogue intérieur. Qui n’a jamais passé un temps avant de prendre une décision à discuter avec soi-même.
Le dialogue intérieur est un outil puissant qui peut se cultiver en forçant le trait. Dans le cas du self-coaching, on peut imaginer la sagesse et la personnifier avec Buddha, Bob Marley ou une vieille version de soi-même. On peut également juste visualiser un coach que l’on connaît, ou Brad Pitt ou encore soi-même avec un beau costard et un grand sourire colgate !
Si vous n’arrivez pas à dialoguer avec vous-même, il vous sera difficile d’effectuer du self-coaching. La personnification n’est pas juste pour jouer. Notre subconscient écoute tout ce qui se dit et nous pouvons le convaincre de multiples choses.
Il faut aussi prendre en compte cette sagesse universelle qui repose en chacun de nous. Vous l’avez sûrement déjà expérimenté. Dans une situation difficile, vous avez fermé les yeux et vous avez entendu comme une voix en vous qui vous donnait une solution. Cette voix n’est pas un mirage, elle existe, elle est la voix du « soi » tout puissant qui connaît tout et qui est constamment connecté avec l’univers et tout ce qu’il contient.
La pensée constructive
Tous les coachs sont très familiers avec le concept de la pensée constructive. On peut le définir comme une pensée optimiste qui voit toujours le bon côté des choses mais sans pour autant dissimuler les parts d’ombres.
La pensée constructive est presque un état d’esprit. Comment voir le monde avec un regard détaché en prenant les parties les moins agréables comme des opportunités pour progresser et les parties les plus agréables comme des tremplins pour sauter de joie.
C’est bien entendu plus facile à dire qu’à faire. Voici quelques conseils pour y arriver :
- Chasser les pensées sombres
Éviter les sources de pensées négatives, les débats sans queue ni tête, les informations, et dès que l’on sent que le négatif a envahit l’esprit, on sort, on court, danse, joue.
- Cultiver les relations positives
S’entourer de personnes qui nous veulent du bien et qui sont optimistes.
- Développer la confiance en soi
Se rappeler de tous les moments difficiles de notre vie et contempler les manières avec lesquelles nous sommes allés de l’avant malgré tout.
Les outils
Enfin, pour réussir une expérience de self-coaching, il est essentiel d’avoir les bons outils qui permettent de s’accompagner dans le processus. Il existe une palette infinie d’outils recommandés. La plupart des outils utilisés dans le coaching s’appliquent également pour le self-coaching. Nous retrouvons par exemple les questions directes, les cartes, les profils de personnalité comme l’ennéagramme ou encore les questionnaires de feedback, les modèles de management situationnel ou encore la thérapie gestalt.
D’où vient le self-coaching ?
En effectuant quelques recherches sur Internet, on peut penser que le self-coaching aurait été inventé par Valérie Moissonnier, une coach qui a cofondé le site selfcoaching.fr et qui a déposé la marque sur le mot.
Cependant, le self-coaching est un concept utilisé par de nombreux coachs de l’autre côté de l’atlantique ce qui nous fait dire que personne n’a inventé le self-coaching en tant que concept. C’est une pratique non régulée qui peut être adaptée en fonction des coachs et des pays.
Le self-coaching en pratique
Le self-coaching se met en application de manière similaire au coaching traditionnel. Souvent, on se retrouve bloqué face à une situation donnée. On cherche des solutions, mais on arrive pas à en trouver ou celles que nous trouvons semblent irréalisables. Le coaching permet d’apporter une structure et des conseils pour définir des objectifs atteignables et concrets qui nous amènent petit à petit vers la résolution du problème de base.
Pour ce faire les coachs utilisent des modèles de coaching. Il en existe une grande variété et ils sont tous adaptables à la fois en fonction du coach et du coaché. En effet, c’est une pratique qui ne peut pas appliquer un modèle unique pour toutes les personnes parce que le coaching est avant tout individuel.
Dans la pratique du self-coaching, c’est également le cas. La plupart des modèles de coaching fonctionnent pour le self-coaching. Les modèles permettent de poser les premières pierres d’un chemin qui va se construire au fur et à mesure. Grâce à la structure du modèle, l’individu ne se sent pas découragé devant l’ampleur de la tâche et se concentre sur les exercices donnés. En pratiquant le self-coaching avec soi-même, on a tout autant, voire plus besoin d’un modèle pour nous accompagner.
Parmi tous les modèles existant, il en existe deux qui ressortent du lot et qui sont particulièrement recommandé pour le self-coaching :
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Le modèle GROW
C’est un modèle qui a été créé en entreprise aux États-Unis dans les années 80 et qui jusqu’à ce jour reste très efficace. Grow en anglais veut dire grandir, mais c’est surtout un acronyme pour Goal, Reality, Option et Will.
Ce modèle invite à progresser en suivant ces 4 étapes :
- Objectif
La première étape consiste à définir les objectifs. On commence par l’objectif final, le but ultime à atteindre. Cela peut être la réalisation d’un projet ou l’accès à la sérénité ! Ensuite, on s’attache à définir les objectifs secondaires qui forment des paliers. En effet, souvent, l’objectif principal peur faire peur et créer du découragement. C’est en posant des jalons progressifs que l’on arrive à notre objectif final.
- Réalité
Cette étape consiste à faire l’état des lieux. Où sommes-nous ? Quelles sont les forces en présence ? Qu’avons-nous essayé jusqu’ici pour atteindre cet objectif. Quelle est également notre situation, le temps disponible, les éventuels obstacles et contraintes.
Cette étape permet de poser la situation de départ et commencer à entrevoir des solutions.
- Options
Cette étape est au pluriel et demande d’imaginer toutes les possibilités qui se présentent à nous pour réaliser les objectifs intermédiaires et l’objectif final. Pas de limites dans cette étape, on se donne les moyens, nous sommes riches, tout puissant, tout est possible.
Une fois l’étape du remue-méninge passée, on peut sélectionner celles qui semblent les plus réalisables.
- Volonté
La dernière étape est celle qui permet de mettre en action. Pour cela, on procède à un processus d’engagement de la personne coachée envers le coach, même si c’est la même personne ! Cet engagement se marque dans le marbre et s’accompagne de la définition d’un plan.
On définit les différentes étapes et les actions à mettre en place pour chaque étape. On fixe des échéances pour stimuler la volonté et la détermination et on procède à un suivi régulier pour se remotiver et s’encourager en voyant ce qui a été fait.
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Le modèle ABCDE
Ce modèle est complémentaire au modèle GROW et permet de déconstruire les mécanismes qui nous empêchent souvent de dépasser une situation compliquée et d’aller de l’avant. Ce modèle a été créé dans les années 70 et se base sur 5 étapes formulées par les lettres ABCDE.
- A : l’élément déclencheur
La première étape consiste à comprendre la situation vécue. On peut se poser des questions telle que Comment tout a commencé ? Comment en suis-je arrivé là ? Qui est impliqué dans la situation ? Pourquoi me suis-je mis dans cette situation ?
Il s’agit de définir la situation de départ en essayant de rester sur les faits.
- B : Nos croyances
La deuxième étape nous aide à comprendre commet nous avons réagit et pourquoi. On essaye de savoir quelles sont les croyances qui nous ont conditionné. On peut se poser des questions telles que Comment est-ce que je me sentais ? Quelles étaient mes pensées ? Est-ce que j’étais positif ou négatif ? Est-ce que je pensais que je n’allais pas y arriver ? Pourquoi ?
On cherche ici à comprendre notre état d’esprit du moment.
- C : Conséquences
Avec un regard le plus détaché possible, on essaye ensuite d’analyser l’impact de ces croyances sur nos actions et la situation en général. Si je me suis retrouvé là-dedans, est-ce c’est parce que je me sentais inférieur ? Ou que j’avais peur de l’échec ? Est-ce que c’est la peur qui a guidé mes actions ? Que s’est-il passé et en quoi est-ce lié à mes croyances ?
- D : Dialogue intérieur
Cette étape permet de questionner les croyances en se demandant si elles étaient fondées ou non. On peut penser à notre éducation, nos parents, toutes ces phrases que nous avons dans nos têtes et que nous avons souvent hérité de quelqu’un d’autre. On cherche à analyser profondément chaque croyance et à les démystifier.
- E : Pensée rationnelle
Une fois le ménage fait, on peut regarder la situation sous un nouvel angle, sans croyances, avec un esprit rationnel et posé. Maintenant, qu’aurions-nous pu faire ? Est-il encore possible de le faire ? Quelles sont les autres possibilités d’actions ?
Grâce à notre pensée rationnelle nous reprenons le contrôle de nous-mêmes et envisageons de nouvelles possibilités.
D’autres modèles
Il en existe une pléthore et nous n’allons pas les référencer ici. Si vous êtes coach, vous avez sans doute vos modèles préférés. Ce sont souvent les plus adaptés. En effet, le modèle qui sera le plus adapté pour le self-coaching est le modèle en lequel vous croyez le plus.
Conclusion
Le self-coaching a beaucoup de détracteurs, mais il est aussi un outil qui peut s’avérer très utile dans la quête de tout coach vers un développement personnel. Il présente de nombreux avantages en vous permettant de travailler sur vous sans avoir à consulter d’autres personnes. Nous rappelons qu’il ne peut pas se substituer à un coaching traditionnel, c’est un outil complémentaire pour grandir plus vite et plus fort ! N’hésitez pas à vous faire accompagner par des collègues coach pour encadrer cette pratique et vous donner des coups de pouce quand vous sentez que vous atteignez les limites de votre imagination !